Equité* à géométrie variable
A l'heure où l'on parlait aux français d'équité*, où on leur expliquait à grand renfort de belles phrases qu'il était anormal que certains français partent en retraite plus tôt que d'autres (mais là encore, si on a largement stigmatisé les cheminots, on s'est bien gardé de parler des militaires, qui eux conserveront leur régime très spécial, ou des parlementaires - à ce titre écoutez donc ICI ce qu'en pense la candidate UMP à la mairie de Paris, c'est instructif - ), l'Assemblée Nationale votait, dans la plus parfaite indifférence, quelque chose d'inique.
Qui a entendu parler de l'abrogagion de l'impôt de bourse, je vous le demande ? Et pourtant, cette abrogation a été votée par la représentation nationale le 16 novembre... A l'heure où tout va mal, où les français perdent chaque jour un peu plus de pouvoir d'achat, où l'on assiste à la popérisation des classes moyennes, où une ministre de la république traite les sans-abri de "meute" (c'est dire le cas qu'elle fait d'êtres humains), oui au moment où tout cela se passe dans notre beau pays, nos députés ont votés la suppression d'un impôt plus que centenaire sur les transactions boursières.
Je
suppose qu'il s'agissait là d'appliquer la célébrissime et
ominiprésente EQUITE dont on nous vante tant les mérites... A certains
le droit de crever au boulot, le droit aux fins de mois difficile, le
droit de ne pas manger les si précieux 5 fruits et légumes journaliers
que nos médecins nous préconisent si largement (salauds de pauvres...),
et à d'autres celui de s'enrichir chaque jour un peu plus, de devenir
un peu plus arrogants, de devenir un peu plus indécents, si tant est
que cela soit possible.
Pour justifier la suppression de cet
impôt, on a invoqué l'argument de la compétitivité. Absurde et sans
fondement, quand on sait depuis quand il était en place... Si cela
avait été vrai, la place de Paris ne se serait pas développée comme
elle l'a fait... Mieux, quand on sait que le Royaume-Uni l'appliquait
aussi, comment expliquer que la City soit devenue (et soit restée) la
place boursière de référence en Europe ! Absurde tout cela.
La
seule légitimité de cette abrogation est en fait un nouveau cadeau que
nos dirigeants font aux grandes fortunes. Pour ces gens là, l'équité*
(on n'emploie plus d'ailleurs le terme "égalité") ne vaut que pour le
français moyen, et doit forcément se faire par le bas, vous le noterez
! Pour les nantis (les vrais, pas les fonctionnaires hein) rien n'est
trop beau, rien n'est trop cher...
Je ne peux décidément
croire qu'une majorité de français soit d'accord avec cela, ou alors on
les aurait lobotomisés en secret ! A notre époque, avec le niveau
d'instruction qui est le nôtre, avec les moyens de communication qui
existent, c'est aberrant que tout un peuple accepte ainsi, sans
broncher, d'être méprisé avec autant de docilité. Je ne me l'explique
pas. En 1789, combien de français savaient lire et écrire ? Combien
savaient ce qui se passait dans le royaume ? Et pourtant... Ils ont
pris les armes, ils ont fait ce que très peu de peuples ont osé faire.
Qu'avons
nous fait de cet héritage ? Nous, descendants des sans-culottes de
1789, accepterons-nous encore longtemps de baisser la nôtre devant des
dirigeants cyniques et corrompus, dont l'unique soucis est le profit
maximal, et qui méprisent chaque jour un peu plus le peuple qui les a
élus ? Il est impensable que cela dure encore quatre ans et demi, ou le
pays sera exsangue, et les français miséreux. L'avenir est bien sombre
à l'approche des fêtes de fin d'année...
* En matière sociale, une répartition équitable ne correspond pas à l'égalité au sens strict. C'est une "juste mesure", un équilibre, qui permet de rendre acceptable une forme d'inégalité lorsque l'égalité ne serait pas acceptable.