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La butte rouge
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La butte rouge
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23 novembre 2007

Equité* à géométrie variable

A l'heure où l'on parlait aux français d'équité*, où on leur expliquait à grand renfort de belles phrases qu'il était anormal que certains français partent en retraite plus tôt que d'autres (mais là encore, si on a largement stigmatisé les cheminots, on s'est bien gardé de parler des militaires, qui eux conserveront leur régime très spécial, ou des parlementaires - à ce titre écoutez donc ICI ce qu'en pense la candidate UMP à la mairie de Paris, c'est instructif - ), l'Assemblée Nationale votait, dans la plus parfaite indifférence, quelque chose d'inique.

Qui a entendu parler de l'abrogagion de l'impôt de bourse, je vous le demande ? Et pourtant, cette abrogation a été votée par la représentation nationale le 16 novembre... A l'heure où tout va mal, où les français perdent chaque jour un peu plus de pouvoir d'achat, où l'on assiste à la popérisation des classes moyennes, où une ministre de la république traite les sans-abri de "meute" (c'est dire le cas qu'elle fait d'êtres humains), oui au moment où tout cela se passe dans notre beau pays, nos députés ont votés la suppression d'un impôt plus que centenaire sur les transactions boursières.

Je suppose qu'il s'agissait là d'appliquer la célébrissime et ominiprésente EQUITE dont on nous vante tant les mérites... A certains le droit de crever au boulot, le droit aux fins de mois difficile, le droit de ne pas manger les si précieux 5 fruits et légumes journaliers que nos médecins nous préconisent si largement (salauds de pauvres...), et à d'autres celui de s'enrichir chaque jour un peu plus, de devenir un peu plus arrogants, de devenir un peu plus indécents, si tant est que cela soit possible.

Pour justifier la suppression de cet impôt, on a invoqué l'argument de la compétitivité. Absurde et sans fondement, quand on sait depuis quand il était en place... Si cela avait été vrai, la place de Paris ne se serait pas développée comme elle l'a fait... Mieux, quand on sait que le Royaume-Uni l'appliquait aussi, comment expliquer que la City soit devenue (et soit restée) la place boursière de référence en Europe ! Absurde tout cela.

La seule légitimité de cette abrogation est en fait un nouveau cadeau que nos dirigeants font aux grandes fortunes. Pour ces gens là, l'équité* (on n'emploie plus d'ailleurs le terme "égalité") ne vaut que pour le français moyen, et doit forcément se faire par le bas, vous le noterez ! Pour les nantis (les vrais, pas les fonctionnaires hein) rien n'est trop beau, rien n'est trop cher...

Je ne peux décidément croire qu'une majorité de français soit d'accord avec cela, ou alors on les aurait lobotomisés en secret ! A notre époque, avec le niveau d'instruction qui est le nôtre, avec les moyens de communication qui existent, c'est aberrant que tout un peuple accepte ainsi, sans broncher, d'être méprisé avec autant de docilité. Je ne me l'explique pas. En 1789, combien de français savaient lire et écrire ? Combien savaient ce qui se passait dans le royaume ? Et pourtant... Ils ont pris les armes, ils ont fait ce que très peu de peuples ont osé faire.

Qu'avons nous fait de cet héritage ? Nous, descendants des sans-culottes de 1789, accepterons-nous encore longtemps de baisser la nôtre devant des dirigeants cyniques et corrompus, dont l'unique soucis est le profit maximal, et qui méprisent chaque jour un peu plus le peuple qui les a élus ? Il est impensable que cela dure encore quatre ans et demi, ou le pays sera exsangue, et les français miséreux. L'avenir est bien sombre à l'approche des fêtes de fin d'année...

* En matière sociale, une répartition équitable ne correspond pas à l'égalité au sens strict. C'est une "juste mesure", un équilibre, qui permet de rendre acceptable une forme d'inégalité lorsque l'égalité ne serait pas acceptable.

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