Deuxième tour surprise
Hé bien, décidément, les français n'ont pas fini de surprendre... La vague bleue annoncée, que dis-je, le tsunami annoncé n'a pas eu lieu. L'éléphant a accouché d'une souris, puisque si, certes, l'UMP a la majorité absolue à l'Assemblée Nationale, cette majorité est dans la partie basse de la fourchette prévue, et même inférieure à celle que Chirac avait obtenue en 2002.
Je
ne peux que me satisfaire de ce sursaut démocratique... Oui, nous
aurons bel et bien une opposition digne de ce nom pour représenter les
petites gens, face à la machine UMP et à un président omnipotent (notez
que je ne dit pas "gouvernement", car tout le monde a déjà noter que
chaque fois qu'un ministre s'exprime, Sarkozy le désavoue dans les 24
heures).
La meilleure nouvelle de la soirée d'hier, et j'avoue
sans complexe que je me suis délectée à l'entendre et à la réentendre,
c'est la défaite d'Alain Juppé à Bordeaux... Le numéro deux du
gouvernement, battu à plates coutures, ça se boit comme du petit lait !
Du coup, la victoire générale avait un goût bien amer, et sourires
crispés des personnalités UMP n'ont trompés personne.
On
attendait une vague bleue, et nous avons eu droit à une lame de fond
rose... Ce qui est dommage, c'est qu'une telle mobilisation de la
gauche ne se soit pas opérée dès dimanche dernier... L'écart eut été
encore bien moindre... Enfin, ce qui est fait est fait, comme on dit.
Mis
à part le bon chiffre des socialistes, il est à remarquer le très bon
maintien du parti communiste, alors que certains annonçaient déjà qu'il
était moribond. Encore une fois, on ne peut que s'en féliciter.
Localement,
je suis heureuse. Ma circonscription, historiquement à gauche depuis
des dizaines d'années, et qui avait basculé accidentellement à droite
en 2002, est revenue dans le giron de la gauche. Pas très loin d'ici,
dans mon pays de naissance, même bascule qui voit Pierre Moscovici
reprendre à la droite un siège qui fut très longtemps à gauche. Reste
la défaite de Chevènement à Belfort... Mais elle était courue d'avance
! Voilà ce qui arrive lorsque l'on veut concentrer tous les pouvoirs,
sans préparer sa relève, et surtout en voulant étouffer ses propres
alliés politiques. Désormais, Jean-Pierre Chevènement ne représente
plus rien, n'a plus aucun poids. On peut donc espérer que la gauche
belfortaine ne se verra plus gênée aux entournures par des accords
nationaux sur mesures, visant à ménager le "Che". Elle a un peu moins
d'un an pour éviter que la mairie ne suive le même chemin que les
sièges de députés. La bataille va être rude, car il l'a annoncé hier
soir, le "Che" ne fera rien pour faciliter la tâche de ceux qui ont
"travaillé contre lui". J'ose espérer qu'il n'irait pas jusqu'à
favoriser la victoire de la droite, mais là, je n'en suis pas si sûre...
Enfin,
les français nous ont montré qu'ils n'étaient finalement pas si bêtes
que cela, et qu'ils ne souhaitaient pas confier à l'UMP un pouvoir
absolu. Ils l'ont exprimé de façon on ne peut plus claire hier.
Désormais, il faut travailler à refonder un parti socialiste solide,
avec un programme ambitieux pour la France, et des alliés solides à
gauche. Sans union, la gauche n'a jamais gagné... C'est un fait ! C'est
maintenant qu'il faut se remonter les manches, et aller au charbon.
Dans les partis, les syndicats, les associations... Faire un vrai
travail de terrain auprès de ceux qui en ont besoin. C'est cela qui
paiera à terme.